Ce titre me correspond bien puisque je suis trés imprégnée par le monde maritime, ayant été mariée longtemps avec un navigateur de la transat comme on disait à l'époque. Mais pas seulement pour cela, je suis descendante par ma mère d'une famille de pêcheurs bretons, sur dix générations....des gènes qui sont prédominants chez moi. Me décrire? Petite, mince, volontaire, une personnalité bien affirmée.
vendredi, avril 07, 2006
jeudi, avril 06, 2006
mercredi, avril 05, 2006
Les goémoniers.
Pendant plusieurs années, alors que nous passions moi et ma famille, nos vacances en caravane, les Bretons du Finistère se livraient à la récolte du goémon dans des conditions difficiles.
J'ai toujours gardé ce souvenir en mémoire et l'ai écrit un soir de 1990. Le voici.
Il est 20heures environ. Le soleil est encore haut et miroite sur le bassin qui se vide et répand ses odeurs d'algues.
Les mouettes tournoient au-dessus, se croisent, crient, ont presque voix humaines, l'air de discuter âprement et plongent inlassablement. Le flot des voitures s'est clairsemé, leur laissant tout l'espace.
Je suis là sur le balcon attentive à tout, sentant si fort en moi cette appartenance marine, respirant ces parfums comme source vitale. Tout est suspendu, ralenti, même la marche des gens. Certains promènent leur chien et les chiens se saluent, leur aboiement est de connaissance, la force de l'habitude, le tour du bassin chaque soir à la même heure.
C'est l'été aux multiples splendeurs. La ville s'est libéré de ses contraintes et ceux qui sont restés se sont mis en vacances. Pour un peu, il y aurait des sourires.
Le béton a cédé toute la place.
O puissance évocatrice du souvenir lié à ces odeurs qui me ramènent en arrière bien des années auparavant, du temps des goémoniers et des beaux laminaires étendus sur les dunes, dans ce pays du Finistère aux couchers de soleil éclatants. Sur la côte nord, entre Brest et Roscoff, bien avant que Portsall et ses environs ne connaissent une triste renommée, les dunes étalaient leurs richesses durement acquises. Je me souviens de Plouescat, du vrai, pas de celui des touristes mais celui de ces gens du pays qui, le temps des grandes marées se transformaient en travailleurs de la mer. Ils n'étaient pas riches, ils avaient encore des 'plates', de ces rudimentaires bateaux de bois.
Ils se laissaient glisser dans le courant de la rivière à la descendante, pour rejoindre la haute mer. Ils savaient qu'au retour, il n'en serait pas de même et qu'il faudrait ramer comme des galériens quand le courant serait moins fort, après la dure récolte, les barques chargées à ras bord pour les mener au petit port.
J'ai toujours gardé ce souvenir en mémoire et l'ai écrit un soir de 1990. Le voici.
Il est 20heures environ. Le soleil est encore haut et miroite sur le bassin qui se vide et répand ses odeurs d'algues.
Les mouettes tournoient au-dessus, se croisent, crient, ont presque voix humaines, l'air de discuter âprement et plongent inlassablement. Le flot des voitures s'est clairsemé, leur laissant tout l'espace.
Je suis là sur le balcon attentive à tout, sentant si fort en moi cette appartenance marine, respirant ces parfums comme source vitale. Tout est suspendu, ralenti, même la marche des gens. Certains promènent leur chien et les chiens se saluent, leur aboiement est de connaissance, la force de l'habitude, le tour du bassin chaque soir à la même heure.
C'est l'été aux multiples splendeurs. La ville s'est libéré de ses contraintes et ceux qui sont restés se sont mis en vacances. Pour un peu, il y aurait des sourires.
Le béton a cédé toute la place.
O puissance évocatrice du souvenir lié à ces odeurs qui me ramènent en arrière bien des années auparavant, du temps des goémoniers et des beaux laminaires étendus sur les dunes, dans ce pays du Finistère aux couchers de soleil éclatants. Sur la côte nord, entre Brest et Roscoff, bien avant que Portsall et ses environs ne connaissent une triste renommée, les dunes étalaient leurs richesses durement acquises. Je me souviens de Plouescat, du vrai, pas de celui des touristes mais celui de ces gens du pays qui, le temps des grandes marées se transformaient en travailleurs de la mer. Ils n'étaient pas riches, ils avaient encore des 'plates', de ces rudimentaires bateaux de bois.
Ils se laissaient glisser dans le courant de la rivière à la descendante, pour rejoindre la haute mer. Ils savaient qu'au retour, il n'en serait pas de même et qu'il faudrait ramer comme des galériens quand le courant serait moins fort, après la dure récolte, les barques chargées à ras bord pour les mener au petit port.
Là, la tâche n'était pas achevée les chevaux, épais, placides, attendaient dans l'eau, attelés aux charrettes. Près d'eux, les hommes prêts à aider, gens de la famille ou amis, entraide naturelle, unis dans un même labeur et un même petit rapport.
A peine arrivées, les barques étaient déchargées, fourche après fourche, dans les charrettes. Le cheval connaissait sa juste mesure et d'un mot bref prenait le chemin des dunes, peinant dans le sable à la montée.
Un peu plus haut, l'homme reprenait sa fourche et disposait les longs rubans de laminaire tout mouillés, brillants, gonflés d'iode et les odeurs se répandaient à loisir. Puis recommençait le même trajet en sens inverse et ainsi de suite jusqu'au dernier brin d'algue.
Avant la haute mer, tout serait achevé et hommes et chevaux, fourbus mais satisfaits ne songeraient plus qu'au lendemain après s'être restaurés frugalement.
Ils iraient ainsi 4 -5 jours d'affilés mais avant de repartir en mer viendraient retourner le goémon de la veille pour le livrer au soleil et lui donner ce qu'il faut de sécheresse avant d'en faire un tas, tas qui grossirait chaque jour davantage et qu'ils recouvriraient d'une bâche, trésor pour ces gens, gagne-pain indispensable.
Le 'Monsieur' de l'usine de Landerneau viendrait plusieurs fois le voir, le surveiller, le juger, l'évaluer et proposer le prix de la tonne qui ne pourrait être qu'accepté.
Puis venait la morte eaux et les marins s'occupaient de leur bout de terre jusqu'à la prochaine marée, se courbaient encore pour pour les pommes de terre, les échalottes et les oignons, ne se donnant le droit qu'à la promenade du dimanche, le long de ses mêmes dunes, revêtus du caban et portant la casquette, promenade suivie de l'arrêt au café qui pourrait être une longue pause et d'où ils sortiraient la démarche chaloupée. Le lit les attendait et le lendemain, ils reprendraient à bras le corps ou la mer ou la terre.
Ils parlaient peu mais disaient l'essentiel de la vie authentique.
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